Marcel Vibert
Ayant débuté sur la scène de l'Ambigu en 1908, Marcel Vibert mena de pair au théâtre et au cinéma une fort longue carrière Il interpréta dès 1909 son premier film, signé Robert Péguy: Le Fils de l'esclave, produit par la Lux. Après Drame sur une locomotive Marcel Vibert se trouva au cœur de la tragédie minière de Jasset Au pays des ténèbres que suivit Un cri dans la nuit. Longtemps il allait être spécialisé, bon gré mal gré, dans les personnages infiniment sérieux qui font face au malheur. Les drames mondains de Camille de Morlhon, comme L'Escarpolette tragique où il jouait son rôle avec toutes les apparences de la passion contrariée, confirmèrent cet emploi que pouvaient fort peu nuancer les productions du Film d'Art dont Mancel Vibert fut l'interprète, comme Le Mannequin ou Les Trois mousquetaires Athos). Profil volontaire et menton carré, il était un jeune acteur dramatique souvent utilisé à la scène et à l'écran sans parvenir pourtant à bénéficier d'un vrai statut de vedette. Arraché à son métier de comédien après le tournage des Frontières du cour, Vibert se trouva mobilisé. Au cours d'une opération, la dernière année de la guerre, il fut fait prisonnier et subit sept mois et demi de captivité en Allemagne. Rendu à la vie civile, il retourna au studio en 1919 pour interpréter un abominable médecin dans Le Sang des immortelles, premier des quelque vingt-sept films qu'il allait tourner durant les dix dernières années du cinéma muet. En 1922 le grand d'Espagne que campa Marcel Vibert dans Les Opprimés de Roussell lui valut des éloges. Les personnages se diversifiaient, un sourire s'esquissait parfois, mais les ténébreux restaient majoritaires: dans Le Bossu Marcel Vibert campa un prince de Gonzague parfaitement odieux. Pendant quelques mois il déserta les studios pour une longue tournée théâtrale avec Charlotte Lysès, au Portugal, en Espagne, Algérie, Tunisie, puis il revint tourner avec Rex Ingram Le Jardin d'Allah. Trois ans plus tôt, Marcel Vibert avait été le partenaire de Pearl White dans Terreur: cela ne l'empêchait pas d'être, avec Jean Toulout, un des acteurs français les plus attachés à défendre l'identité d'un cinéma national déjà accablé par l'invasion américaine. Durant les dernières années du cinéma muet, il travailla beaucoup à Berlin à Vienne avec Dupont, et quand les films se mirent à parler Marcel Vibert continua d'être un interprète de la UFA (Princesse à vos ordres en 1931,Princesse Czardas de Jacoby en 1934, où l'on découvre un interprète plein d'humour pastichant joyeusement Saturnin Fabre dans un rôle de prince vieillissant que les événements dépassent) Plus sérieusement, Marcel Vibert porta maintes fois, à l'écran, la robe de magistrat, jusqu'à son avocat général Séguier de L'Affaire du collier de la reine (Marcel L'Herbier 1945). Il a épousé le 14 octobre 1930 l'actrice Hélène Darly.